Pour sa première exposition depuis qu’il a rejoint la galerie, Martin Parr propose de parcourir l’ensemble de son œuvre, depuis la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui. Depuis près de cinquante ans, sa photographie révèle une esthétique unique et un humour caustique immédiatement reconnaissables qui ont marqué durablement la culture visuelle. Le regard acéré qu’il porte sur les vanités du monde contemporain s’est imposé comme un tournant majeur de la photographie mondiale.

Si ses premières séries en noir et blanc des années 1970 posent les bases de sa photographie – compositions travaillées malgré des images prises sur le vif, vision ironique des communautés qui l’entourent, jeux sur les contrastes et les décalages –, ce n’est qu’en 1986 qu’il accède à la renommée avec les couleurs éclatantes de The Last Resort. Ce portrait mordant des classes ouvrières anglaises en vacances prolonge sa fascination pour la plage, qui continuera à ponctuer son œuvre jusqu’à ses images les plus récentes. Avec Small World, au début des années 1990, il s’intéressera cette fois au tourisme de masse, qui incarne à merveille le nouveau consumérisme et la généralisation des échanges globalisés qui s’imposent alors.

Au-delà des vacances, Martin Parr décortique minutieusement tous les aspects de nos modes de vie contemporains. Petits commerces locaux, courses hippiques, matchs de cricket dominicaux : jusqu’aux photographies de fêtes de village réalisées en 2022, toute son œuvre transfigure l’apparente banalité de nos existences, et fait de chaque détail incongru un micro-événement qui met en mouvement l’équilibre de la composition. 

Il faut voir là la volonté de Parr de rendre compte du monde tel qu’il est, sans filtre, dans toute son absurdité, tout en construisant des images fortes qui appellent plusieurs niveaux de compréhension. À travers cette ironie si typiquement anglaise, humour et critique sociale se confondent et témoignent d’une œuvre singulière qui, après près d’un demi-siècle, conserve toute son actualité.

Martin Parr naît en 1952 à Epsom, au Royaume-Uni. Enfant, son intérêt naissant pour la photographie est encouragé par son grand-père, lui-même photographe amateur. Il étudie ensuite la photographie à Manchester Polytechnic, de 1970 à 1973. Depuis lors, Martin Parr a travaillé sur de nombreux projets photographiques. Il a marqué de son empreinte la culture visuelle européenne, s’imposant peu à peu comme une figure internationale majeure grâce à son imagerie innovante et son approche oblique du documentaire social.

En 1994, Parr devient membre à part entière de la coopérative photographique Magnum, qu’il présidera de 2013 à 2017. Il s’intéresse également à la réalisation de films et utilise ses photographies dans des médiums variés, notamment dans la mode et la publicité. En 2002, la Barbican Art Gallery et le National Media Museum organisent une importante rétrospective de l’œuvre de Martin Parr, qui fait le tour de l’Europe pendant les cinq années suivantes. En avril 2017, Parr reçoit le Sony World Photography Award pour sa contribution exceptionnelle à la photogra- phie. La Fondation Martin Parr ouvre à Bristol la même année.

Dans ses séries, Martin Parr questionne tour à tour la banalité absurde de nos quotidiens, la vanité des sociétés de consommation contemporaines et la multiplication des flux et des échanges d’un monde globalisé. Son œuvre repose sur un style visuel reconnaissable : ses photographies à la composition audacieuse et aux couleurs éclatantes, éclairées au flash, sont immédiatement identifiables. Aujourd’hui, les images de Martin Parr circulent à travers le monde et témoignent d’une volonté de rendre compte du monde tel qu’il est, sans filtre, tout en mêlant humour et critique sociale à travers cette ironie typiquement anglaise.