Justice
« Une façon de contenir la parole bavarde et de n’en garder que la charge expressive comprimée. Thomas Klotz a décidé de ne pas jouer avec ce qu’il connait si bien, de ne pas se faire le reporter des crimes et délits, mais de trouver l’esthétique dans l’éthique de son sujet : une photographie “juste” ».
Les mots choisis par Michel Poivert pour décrire Justice, la dernière série de Thomas Klotz, rendent bien compte de l’atmosphère qui se construit au fil de ce long voyage dans le paysage judiciaire français. Ses photographies, exposées à la galerie Clémentine de la Féronnière, explorent les lieux dans lesquels se fait la justice : les tribunaux, mais également les bureaux de magistrats, les cabinets ministériels, les prisons, les archives… Ces images pleines de retenue se tiennent bien loin de tout sensationnalisme : ici, la violence des récits et des vies brisées demeure latente, souterraine, invisible. La composition, la puissance des couleurs et les jeux de texture priment sur l’approche journalistique, si bien que l’émotion affleure d’abord, avant d’émerger lentement et de s’imposer au regard.
En confirmant la palette de coloriste qui a fait la marque de ses séries précédentes, Northscape (2019), et Ève (2020), Thomas Klotz propose un regard englobant et sans concession sur la justice, pointant du doigt ses paradoxes, sa brutalité parfois, sans jamais sacrifier la valeur esthétique de ses photographies. La sérénité lumineuse des lieux de pouvoir, chargés de solennité, cohabite avec la nudité austère des murs de prison et le dépouillement des couloirs des tribunaux. Les quelques portraits pleins d’humanité, d’une greffière, d’une avocate ou d’une étudiante en droit, dispersés au milieu de la pureté froide des espaces nus, nous donnent un aperçu de la présence humaine diluée dans la mécanique administrative.
Thomas Klotz nous offre ainsi une représentation puissante, inattendue et déroutante du système judiciaire. Plutôt que de le documenter, il choisit de nous y plonger et d’en restituer l’atmosphère, pour nous mettre face à la réalité brute de ce milieu peu abordé en photographie.
L’exposition est composée de tirages Lambda et de tirages chromogènes de 18 x 24 cm, 40 x 60 cm et 90 x 120 cm.
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Thomas Klotz, Sans titre, n°30, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°17, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°18, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°26, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°5, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°4, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°7, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°9, 2021
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Thomas Klotz, Sans titre, n°16, 2021