Présentation

La galerie Clémentine de la Féronnière est ravie d’accueillir une composante de l’exposition Paris Noir, un projet qui porte le label Échos Paris noir, en collaboration avec le Centre Pompidou. L’exposition met à l’honneur le travail de trois figures majeures de la photographie George Hallett, William Melvin Kelley et James Barnor, qui ont documenté, chacun à leur manière, les circulations artistiques et intellectuelles des diasporas africaines et afro-descendantes dans la seconde moitié du xxe siècle. Présentée à la galerie du 20 mars au 17 mai 2025, l’exposition Paris noir explore les liens entre le continent africain, les États-Unis avec Paris et Londres, mettant en lumière les dynamiques culturelles transnationales et l’engagement artistique pour la reconnaissance et l’émancipation.

 

George Hallett : Home and Exile

L’œuvre du photographe sud-africain George Hallett est présentée sous le commissariat de Christine Eyene. Cette partie de l’exposition explore différentes périodes de son travail, notamment son témoignage sur District Six (un quartier de Cape Town dont la démolition com-mence sous l’apartheid à la fin des années 1960), ses photographies réalisées à Londres, Paris et Amsterdam dans les années 1970 et 1980, et ses expérimentations en studio. Un accent particulier est mis sur son rôle dans l’édition, avec des images ayant illustré les couvertures de la collection African Writers Series aux éditions Heinemann, soulignant le dia-logue entre ses photographies et la littérature. George Hallett (1942-2020) est un photographe reconnu pour son engagement dans la documentation des réalités sociales et politiques. Choisissant l’exil en raison des discriminations imposées par l’apartheid, il s’installe en Europe en 1970, où il devient un acteur-clé de la scène artistique et intellectuelle des diasporas africaines. Son regard, alliant portrait et reportage, capte avec sensibilité la vie des exilés et des communautés en lutte pour la reconnaissance de leurs droits. Son œuvre, imprégnée d’humanité et de résilience, est aujourd’hui un repère fondamental dans l’histoire de cette période.

 

William Melvin Kelley

Première rétrospective en France du travail photographique de l’écrivain William Melvin Kelley, cette exposition dévoile une série inédite de quatorze œuvres, témoignant de son regard intime sur la vie culturelle noire à Paris dans les années 1960. Capturant le quotidien des cercles intellectuels et militants africains-américains, ses clichés révèlent un moment charnière où Paris était un lieu d’échanges et de réflexion pour de nombreux artistes et penseurs. William Melvin Kelley (1937-2017) est un écrivain et photographe américain dont l’œuvre interroge les représentations de l’identité et les réalités du racisme aux États-Unis. Né à New York et ayant grandi dans le Bronx, il quitte les États-Unis en 1967, à la suite de l’assassinat de Malcolm X, et s’installe à Paris avec son épouse, l’artiste Aiki Kelley. Inspiré par les figures littéraires de l’exil, telles que James Baldwin et Chester Himes, il développe une pratique photographique influencée par sa rencontre avec Henri Cartier-Bresson, capturant avec son appareil Pentax des instants de vie des diasporas africaines et africaines-américaines à Paris. Son travail photographique, longtemps resté confidentiel, constitue aujourd’hui un témoignage essentiel sur la présence africaine-américaine en France à la veille de Mai 68 et dans un contexte de luttes pour les droits civiques aux États-Unis.

 

James Barnor

L’espace de la librairie est consacré au travail de James Barnor, une figure emblématique de la photographie ghanéenne et de la diaspora. En dialogue avec les œuvres de William Melvin Kelley et George Hallett, cette exposition met en avant une sélection de photogra-phies prises dans les années 1960 à Londres pour le magazine Drum, un journal influent fondé en Afrique du Sud en 1951, symbolisant le mouvement anti-apartheid. Né en 1929 au Ghana, James Barnor est une figure clé de l’histoire visuelle de la diaspora africaine. Après avoir commencé sa carrière à Accra dans les années 1950, il s’installe à Londres en 1959, où il devient un témoin privilégié des évolutions sociales et culturelles des communautés africaines et africaines-américaine au Royaume-Uni. Parmi ses portraits, on retrouve celui de l’artiste Bill Hutson, dont une œuvre fait partie de l’exposition.
Capturant avec délicatesse les aspirations et les défis d’une époque en pleine mutation, le travail de James Barnor oscille entre photographies de studio et clichés pris dans les rues.

Œuvres